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Qu’est ce que le Hansoku (Pénalités) au Kendo ?

Qu’est ce que le Hansoku (Pénalités) au Kendo ?

Guide complet : Tout comprendre aux Hansoku (Pénalités) au Kendo

Dans le feu de l’action, l’esprit focalisé sur l’ouverture (Suki) de l’adversaire, on en oublie parfois le cadre. Pourtant, le Kendo n’est pas une bagarre de rue : c’est un art martial régi par des règles précises qui garantissent la sécurité, l’équité et surtout, la dignité du combat.

En tant que pratiquant, connaître les Hansoku (les fautes) est aussi important que de savoir frapper un Men. Pourquoi ? Parce que deux pénalités offertes, c’est un point (Ippon) gratuit pour votre adversaire.

Ce guide a pour but de démystifier les règles d’arbitrage pour vous éviter de perdre bêtement un combat à cause d’un pied qui traîne ou d’un Shinai mal tenu.


Le principe de base : L’arithmétique du Shiai

Avant de lister les interdits, comprenons la mécanique. L’arbitrage au Kendo est binaire concernant les fautes.

  • 1 Hansoku = Avertissement (pas de point pour l’adversaire).
  • 2 Hansoku = 1 Ippon accordé à l’adversaire.

Les comptes sont remis à zéro à la fin de chaque combat individuel (sauf en cas d’expulsion grave), mais attention : lors d’une prolongation (Encho), si vous aviez déjà un Hansoku, il reste actif. La moindre erreur suivante est fatale.

Note : Ne voyez pas l’arbitre (Shimpan) comme un policier, mais comme le gardien de l’intégrité du combat. S’il signale un Hansoku, c’est souvent pour corriger une posture dangereuse ou un manque de vigilance (Zanshin).


Les 3 grandes familles de fautes (et comment les éviter)

Pour faire simple, nous pouvons classer les fautes en trois catégories : le terrain, le matériel et le comportement.

1. Le Jogai : La sortie de terrain

C’est la faute la plus fréquente, du débutant au 7ème Dan.

La Règle : Un combattant est considéré en Jogai (sortie) si :

  • Il pose un pied entièrement à l’extérieur de la ligne du Shiai-jo.
  • Il prend appui sur une partie du corps (genou, main) hors de la limite pour garder l’équilibre.
SituationVerdict
Le talon est sur la ligne, les orteils dehorsPas faute (Safe)
Le pied est entièrement dehors, mais en l’airPas faute (Tant qu’il ne touche pas le sol)
On est poussé violemment dehorsFaute pour celui qui pousse (Oshidashi)

Notre conseil : Travaillez votre vision périphérique (Enzan no Metsuke). Vous ne devez pas regarder le sol, mais vous devez sentir votre position dans l’espace. Le son du parquet change souvent près des limites (plus sourd ou plus souple selon les gymnases).

2. Le maniement du Shinai et l’équipement

Le respect de son arme et de sa tenue est fondamental. Un samouraï ne laisse pas tomber son sabre.

  • Lâcher son Shinai : Si vous perdez le contrôle de votre Shinai et qu’il tombe au sol (ou que vous le lâchez pour corps-à-corps), c’est Hansoku immédiat.
  • Toucher la lame (Habu) : Vous ne pouvez pas poser la main sur la partie « lame » en bambou (au-dessus de la Tsuba) pendant le combat pour bloquer ou parer.
  • Équipement défaillant : Si vos cordons (Himo) de Men ou de Do se détachent, l’arbitre arrête le combat. Si cela arrive une seconde fois (ou si c’est jugé comme un manque de préparation flagrant), cela peut être sanctionné.

Comment ajuster son matériel ?

Prenez le temps de vérifier vos nœuds avant d’entrer sur le Shiai-jo. Un Himo trop vieux qui casse n’est pas une faute, mais un nœud mal fait est une négligence.

3. Comportement et Anti-Jeu (Tsubazeriai)

Le Kendo moderne lutte activement contre l’anti-jeu et les situations de blocage stériles.

  • Le refus de combat : Reculer constamment sans intention de frapper, ou garder une garde ultra-défensive (blocage du Men avec le Shinai à l’horizontale) trop longtemps est sanctionné.
  • Mise au sol (Ashi-garami) : Crocheter la jambe de l’adversaire ou le faire tomber volontairement est strictement interdit (sauf techniques très spécifiques et rares de corps à corps, généralement proscrites en compétition standard).
  • Stagnation au Tsubazeriai (Garde rapprochée) : C’est le point d’attention actuel de la FIK (Fédération Internationale). Si vous êtes en contact garde contre garde (Tsubazeriai), vous devez soit frapper instantanément, soit vous séparer activement.
    • Interdit : Rester collé pour « gagner du temps ».
    • Interdit : Se séparer en reculant sans vigilance (sans Zanshin) ou en gardant le Shinai en bas.

Tableau récapitulatif des fautes courantes

Voici un résumé pour visualiser rapidement ce qui coûte des points :

Type de FauteDescriptionPourquoi est-ce interdit ?
JogaiSortie de l’aire de combatMaîtrise de l’espace
Lâcher le ShinaiPerte de l’armePerte de capacité martiale
San-shoToucher la lame du Shinai adverse ou le sienSécurité (coupure fictive)
OshidashiPousser l’adversaire hors limites (sans frappe)Brutalité inutile
Refus de combatFuite ou garde fermée excessiveEsprit offensif du Kendo
Insulte / GesteManque de respect, célébration excessiveReiho (Étiquette)

Instant Culture : Le Hansoku est-il une honte ?

Au Japon, on dit souvent que le Kendo « commence et finit par le salut ». Les règles des Hansoku ne sont pas là pour punir, mais pour élever le niveau du combat.

Historiquement, un comportement déloyal (frapper un adversaire à terre, utiliser des coups vicieux) déshonorait le combattant. Aujourd’hui, prendre un Hansoku pour « Jogai » arrive à tout le monde, même aux champions du Japon. Ce n’est pas une honte, c’est une erreur technique.

En revanche, prendre un Hansoku pour un comportement violent ou irrespectueux (jeter son Shinai, contester l’arbitre) est une faute grave contre l’esprit du Budo. C’est cela qu’il faut absolument éviter.


FAQ :

1. Si on sort du terrain en même temps, qui prend la faute ?

Si la sortie est simultanée, les arbitres peuvent décider de ne pas donner de Hansoku, ou de donner un Hansoku aux deux (So-gai). Tout dépend de qui a initié l’action ou si l’un a poussé l’autre.

2. Est-ce que je peux faire tomber mon adversaire ?

Non. Le Tai-atari (percussion corporelle) est autorisé s’il est la conséquence d’une frappe ou d’une entrée engagée, mais vous ne devez pas utiliser vos bras ou vos jambes pour déséquilibrer volontairement l’adversaire (type Judo).

3. J’ai pris un Hansoku au premier combat de poule, est-ce qu’il compte pour le deuxième ?

Non. À chaque nouveau combat (nouvel adversaire), les compteurs sont remis à zéro.


Conclusion

Les règles peuvent sembler strictes, mais elles deviennent une seconde nature avec la pratique. Mon conseil pour le prochain entraînement : n’attendez pas la compétition pour y penser.

Si vous sortez de la limite au Dojo, levez la main, reconnaissez-le. Si vous lâchez votre Shinai, faites une flexion. C’est en s’imposant cette rigueur à l’entraînement que vous resterez serein en compétition.

Allez, on retourne mettre le Men !

Vous avez un doute sur une situation de combat ? Posez votre question en commentaire ou directement au Sensei lors du prochain cours.